3. Évaluations, contrôle continu et nouveau baccalauréat
Les enseignements d'HG dans le nouveau baccalauréat
Les épreuves finales : 60% de la note finale
- Une épreuve écrite portera sur l'enseignement de spécialité HGGSP s'il a été choisi par le candidat en terminale.
- Un oral d'une durée de 20 minutes portera sur un projet adossé à un ou deux enseignements de spécialité.
- L'enseignement d'HG en tronc commun ne fera pas l'objet d'une évaluation finale.
Le contrôle continu : 40% de la note finale
- Le contrôle continu reposera sur 3 épreuves communes d'HG organisées au cours des années de première et de terminale.
- Pour valoriser la régularité du travail de l'élève, les bulletins scolaires seront pris en compte pour une part limitée (10%) de la note finale, soit environ 1% pour l'HG, 1% pour la spécialité et 1% pour l'EMC.
Une nouvelle programmation des évaluations
La mise en place d’épreuves communes de contrôle continu (E3C) doit nous amener à reconsidérer la progression et la programmation des évaluations sur le cycle terminal.
Pour ce faire, nous souhaitons mettre en avant quelques idées :
Les épreuves de contrôle continu (E3C) ne sont pas des évaluations « en plus ».
Elles s’intègrent dans une programmation habituelle d'évaluations sommatives. Elles sont à penser comme des évaluations-bilan, une photographie des apprentissages de l’élève à un certain moment de son parcours.
Les E3C ne sont pas des évaluations formatives mais des évaluations certificatives.
Elles mesurent avant tout la performance de l’élève au regard des attendus définis pour les épreuves du baccalauréat. Les délais de correction, mais surtout ceux de la commission d’harmonisation académique, ne permettront pas d’offrir à l’élève un retour d’information rapide et, donc, une rétroaction (ou feedback) efficace, car trop éloignée dans le temps par rapport au travail réalisé pour l'aider à progresser dans les apprentissages.
Les évaluations formatives sont à penser et à mettre en œuvre avant les E3C.
Pour Stanislas Dehaene, « l’apprentissage ne peut se déclencher que s’il y a un signal d’erreur. L’erreur est normale, inévitable et… fertile. ». Les élèves doivent donc se tromper, commettre des erreurs et les comprendre pour les dépasser et progresser. Les rétroactions doivent être délivrées AVANT les épreuves certificatives. Ce sont des évaluations (qui peuvent être notées) POUR apprendre. L’évaluation formative responsabilise les élèves quand elle décrit précisément les niveaux de maîtrise des attendus. Elle est tournée vers les étapes futures des apprentissages et vers les progrès.
L’ambition du tronc commun de construire "une culture commune humaniste" nécessite de s’assurer régulièrement de la maîtrise et de la bonne réutilisation des repères fondamentaux, tant chronologiques que spatiaux. Des contrôles de connaissances courts et réguliers sont en ce sens conseillés.
Exemple d’évaluation formative Thème 1 - La métropolisation : un processus mondial différencié Sandrine Calvez, lycée Bertrand d’Argentré, Vitré. |
Un exemple de mise en oeuvre commenté
Par Patrick Marques, lycée Anita Conti, Bruz.
• Un constat empirique : nous passons beaucoup de temps à corriger des copies pour une efficacité limitée sur la progression de nos élèves. Partant de ce constat partagé et validé par l'Inspection pédagogique, voici une possibilité parmi tant d’autres d’organiser autrement ses évaluations dans des cycles d’apprentissage.
• On peut adopter comme repère de mise en oeuvre la programmation de deux thèmes à suivre, un d’histoire (soit 2 à 3 chapitres), un de géographie (soit 3 questions). En prenant la fourchette basse indiquée dans les programmes, chacun des thèmes doit être traité en 11 à 12h, soit un cycle de 8 semaines.
• Dans ce cycle de 8 semaines, on peut prévoir un temps fondamental de consolidation des apprentissages pendant lequel les contenus et les capacités vont être repris, révisés, mis en œuvre, voire approfondis pour certains élèves. On peut prévoir ainsi 4h pour ce temps de mise en activité, individuelle ou collective, qui suivra la découverte des contenus de chacun des deux thèmes. Cette découverte préalable où la transmission de contenus a toute sa place (mais pas uniquement elle) est réalisée en 2x9h, puis retravaillée avec les élèves pendant 4 heures (consolidation, approfondissement ...).
• À l’issue de ce cycle est programmée sur 2 heures une évaluation-bilan ou une épreuve commune d’E3C qui mêle histoire et géographie. Cette note fera l’objet d’un coefficient plus important.
• Toutes les deux à trois semaines, les élèves sont invités à tester leurs connaissances lors de contrôles très courts mais nécessitant des révisions conséquentes et régulières. Ces contrôles portent chaque fois sur tout ce qui a été vu depuis le début de l’année car l'apprentissage est plus profond et plus durable lorsqu'il se fait en fournissant des efforts de remémoration. En effet, pour les chercheurs Peter C. Brown, Henry L. Roediger et Mary fi. McDaniel, « les chemins neuronaux qui forment un corpus de connaissances se renforcent lorsque la mémoire est sollicitée et que l'apprentissage est travaillé. Un travail à intervalles réguliers interrompt l'oubli, renforce les circuits d'accès aux connaissances et constitue une stratégie essentielle pour retenir ce que l'on veut acquérir. (…) Lorsqu'on espace les étapes du travail d'apprentissage, on se donne le temps, pour ainsi dire, de rouiller entre deux sessions et lorsqu'on alterne le travail sur deux matières ou plus, l'apprentissage est plus difficile et semble moins productif mais l'effort lui-même rend ce dernier plus durable et permet des applications ultérieures plus diversifiées. » (Mets-toi ça dans la tête !, 2014). Ces courts devoirs de connaissances peuvent faire l’objet d’une autoévaluation ou d’une co-évaluation afin que le retour d’information sur les erreurs commises soit le plus proche possible de l’action (quelques minutes après).
• Un moment de travail individuel, en classe ou hors classe, est prévu pour réactiver des connaissances, des acquis « rouillés », qui sont aussi des prérequis pour découvrir les thèmes à venir. Tout nouvel apprentissage nécessite un fondement de connaissances préalables (Anne Forget, CNESCO, 2017). « L'élaboration est le processus qui consiste à donner un sens aux nouvelles connaissances en les exprimant avec vos propres mots et en les reliant à ce que vous connaissez déjà. Plus vous êtes capable d'expliquer comment vos nouvelles connaissances se relient à votre savoir antérieur, plus votre appréhension de ces nouvelles connaissances sera forte, et plus vous créerez de connexions qui vous aideront à les retenir » (Mets-toi ça dans la tête !, 2014). Ces temps de réactivation sont fondamentaux et constituent une réponse à l’ambition inscrite dans le préambule des programmes d’assurer la continuité des apprentissages.
• D’autres évaluations sont notées, mais elles ne sont pas nécessairement formalisées « par une copie ». Certaines constituent des productions finales ou en cours : oraux divers, productions graphiques, brouillons, productions écrites, recherche documentaire, travaux de groupe, etc. D’autres évaluations sont centrées sur l’observation des processus à l’œuvre dans l’apprentissage et le dialogue avec l’élève : autonomie dans le travail, concentration, etc. L’évaluation des processus pour Yann Mercier-Brunel, est une vision interactive de l’évaluation au cours de laquelle l’échange, le dialogue-évaluatif entre le professeur et l’élève devient le support des apprentissages.
• En définitive, peu de « gros » devoirs bilans, moins de copies d’évaluation sommative, mais davantage de situations d’évaluation formative.