7. Notions au programme d'HG : mises au point et nouveautés
Notions et mises au point en géographie
Transition
Source : "Les grands équilibres et les défis d’un monde en transition, fil directeur du programme de Seconde", compte-rendu de l'intervention de Magali Reghezza, géographe, maître de conférences à l'ENS - Université PSL. Intervention menée lors du Plan national de formation des formateurs académiques et des IA-IPR, Paris avril 2019.
Magali Reghezza : Le thème de la transition est récupéré pour à peu près tout aujourd’hui ce qui pose problème, car il va falloir dans l’enseignement faire la part entre le terme tel qu’il est aujourd’hui utilisé dans la sphère politique et médiatique au sens large (à laquelle les élèves ont accès) et le terme travaillé par des universitaires, des chercheurs en lien avec le monde professionnel pour alimenter des politiques publiques. Il y a donc une circulation de la notion qui n’est pas propre au terme de transition (ex. : mondialisation, DD). Cela pose problème néanmoins pour la transition, car la notion a été travaillée depuis très longtemps par les chercheurs, avec de nombreuses évolutions. Il faut donc se mettre à jour sur cette notion qui présente des enjeux académiques, mais aussi et surtout des enjeux politiques et sociaux.
Cette notion de transition ne peut pas être pensée comme l’ensemble des notions qui sont inscrites dans les programmes en dehors d’un questionnement disciplinaire qu’il s’agit de faire acquérir aux élèves. Ce questionnement repose sur :
Comprendre
- Ce que les élèves voient, sentent, entendent, expérimentent dans leur quotidien (s’appuyer sur l’expérience sensible de la transition)
- Les discours (et les postures idéologiques) qui traversent le débat public (expliciter les présupposés, déconstruire les discours qui font apparemment consensus, expliciter les conflits qui émergent)
Contextualiser
- Les grands débats et les grands défis
- Les grandes orientations des politiques publiques (à toutes les échelles)
- Les oppositions, conflits, les résistances
Connaître
- Les lignes de force de l'organisation des territoires (enjeu disciplinaire > transition = clé de lecture)
- Les principales dynamiques spatiales actuelles (repenser la question de la dynamique à partir de la transition)
Les programmes ne mobilisent pas le terme de transition comme un concept scientifique abondamment traité par les chercheurs. Les programmes désignent la transition comme une phase de changement.
La transition doit permettre d’analyser un certain nombre de défis qui entrent en interaction :
- Défi démographique
- Défi de l'urbanisation
- Défi de la globalisation des échanges et des systèmes productifs
- Défi du développement et l'émergence
- Défi environnemental
La difficulté est de tisser des liens entre ces défis. La transition permet de montrer les différences, les inscriptions spatiales et les échos de ces défis.
La transition est outil puissant pour un géographe, elle permet de passer d’une vision statique des territoires à une vision dynamique, de redonner aux territoires une épaisseur temporelle. L’idée est de montrer des discontinuités entre les composantes du système, chacune va à son rythme, parfois avec des retours en arrière. Ceci permet de nuancer les interprétations en fonction des acteurs, des territoires étudiés.
En géographie, la transition est une notion descriptive, ce qui pose problème car ces notions descriptives vont être reprises dans le champ social et politique pour en faire des injonctions normatives. Toute la difficulté est de dissocier un outil descriptif qui va servir à poser des questions, à regarder différemment, à réinterpréter des faits, et son écho dans le discours social et politique dans lequel ce terme est réapproprié. En géographie la transition est un passage. Du coup au lieu de s’intéresser à l’état A et à l’état B, il s'agit de se concentrer sur ce qui se passe entre l'un et l'autre et de redonner une dimension temporelle à ce passage. Il s'agit aussi de regarder ce passage à différentes échelles (combinaison d’échelles spatiales). Les géographes l’abordent de deux façons. Soit la notion seule, soit la transition + un adjectif (démographique, urbaine, environnementale, alimentaire, etc.). Ainsi, on appréhende mieux la différence entre processus et état.
La métropolisation est aussi bien le processus que l’état résultant de ce processus. La notion de transition permet de remettre l’accent sur le processus en montrant que le résultat est en perpétuelle transformation, évolution, et donc de questionner l’état d'arrivée, supposé stable, fixe, équilibré. De fait, la notion de transition renouvelle la question de la dynamique ; elle réintroduit la question des temporalités et des rythmes en montrant que selon les composantes étudiées de ces territoires, on peut rencontrer des réactions décalées dans le temps et donc des discontinuités dans les processus.
Penser la complexité : introduction à l’approche systémique
Combinées aux échelles spatiales, ces temporalités vont permettre en réalité d’aller vers une approche systémique (très en vogue dans la recherche en géographie). Un système est un ensemble d’éléments en interaction qui forment un tout. Tout ne fait pas système (les réseaux de villes ne sont pas un système de villes). Pour qu’il y ait système, il faut deux choses : une unité de cohérence et des interactions entre les composantes du système et entre les composantes et le système. Le système n’est pas assimilable à la somme des parties qui le composent. Visibles notamment dans le thème de la mondialisation, les relations internationales ne sont pas un système. Pour la globalisation en revanche, les composantes du monde interagissent. La somme des actions locales pour lutter contre le changement climatique ne suffit pas pour faire le global. La logique classique du mondial avec des échelles emboîtées et un temps linéaire est dépassée. Les échelles interagissent les unes avec les autres, c’est le glocal, le transcalaire.
Le local n’est pas une échelle mais une unité de complexité, une unité de proximité. Dans un système, on a des entités comprenant des sous-entités que sont les territoires avec des composantes en interaction ayant des conséquences les unes sur les autres.
Passage du multiscalaire au transcalaire
Échelle = surface qu’on regarde
Échelon = territoire politique qui correspond à un acteur (collectif, individuel, institutionnel) qui exerce un pouvoir.
Dans la réalité d’un monde globalisé, il y a une interpénétration des échelles et des échelons qui fait que ce qui se passe dans le sous-système influence le système englobant et inversement. Cette complexité constitue un enjeu à appréhender (vraiment difficile au lycée) pour sortir des discours binaires.
Prise de distance critique de l’enseignant
Dans les programmes, la transition va permettre de décrire une instabilité sans pour autant en faire une norme. Dans la recherche, la transition est un objet en soi, dans l’enseignement, c’est une notion.
La question des transitions renvoie à une dimension critique, notamment vis-à-vis du discours environnemental qui transforme systématiquement le changement en menace, or la menace n’est pas le risque. Le risque permet de penser l’incertitude et donne une illusion de contrôle avec un certain nombre de dispositifs de gestion et de prévention. Quand on est dans la menace, on est dans de l’incertain pur. Le passage du risque à la menace est beaucoup plus anxiogène (voir les discours sur les changements environnementaux, climatiques, les menaces géopolitiques, économiques, celles pesant sur la biodiversité etc.) La transition permet de repositionner le changement par rapport à l’incertitude et à la menace.
La transition n’est pas forcément synonyme d'amélioration d'une situation.
L’état B n’est pas une finalité ≠ développement durable.
Cette notion descriptive n’est pas une notion morale !
Notamment sur la transition démographique, écologique, alimentaire (rapport à l’animal)
Performativité notamment sur les documents d’aménagement (critique des modèles d’aménagement)
Il faut absolument sortir de l’idée d’étudier l’objet transition en lui-même, mais il s'agit d’enseigner la complexité, de construire une représentation de celle-ci, de pratiquer le recul critique et d'éviter le risque du hors sol.
La notion d’environnement
Source : L’environnement. Concepts, enjeux et territoires. Yvette Veyret, Armand Colin, 2017.
Une conception écocentrée de l’environnement
- Le concept de milieu correspond à une conception de l’environnement écocentrique focalisée sur l’objet naturel (eau, air, forêt, sol…).
- Milieu = « ensemble des éléments de la nature (climat, sols, eaux, pentes, végétation, faune), présents et associés en un lieu et autour de lui »
- (R. Brunet, Les mots de la géographie, 1993).
- Cette tradition est profondément renouvelée dans les années 1970.
Les milieux naturels…
Source : Jean DEMANGEOT, Les milieux « naturels » du globe, Armand Colin, 1997.
Une conception anthropocentrée de l’environnement
- Dans la perspective anthropocentrique de l’environnement, la notion de ressource naturelle peut se définir comme une richesse potentielle.
- L’ environnement est considéré comme une ressource que la société a la possibilité d’utiliser et de gérer. On ne le considère que dans la mesure où il est en relation avec la société : prélèvements, modifications, impacts, nuisances (Jean Tricart,1979).
- La notion de patrimoine complète la notion de ressource en incluant l’idée de protection, de conservation ou d’amélioration des ressources naturelles pour ne pas compromettre l’usage qu’en auront les générations futures.
Une conception systémique de l’environnement
→ Approche systémique : nouvelles réflexions concernant les rapports nature/société en mettant en avant le géosystème (Georges Bertrand, biogéographe, 2002).
- L’environnement est alors à la fois dans et autour de la société.
- Société et environnement = coproductions et s’imposent des contraintes mutuelles.
- L’homme agit sur le milieu mais ce dernier en retour structure les sociétés et leurs pratiques.
- Ces interactions s’inscrivent dans une dynamique temporelle (transition) : les géosystèmes ont un passé qui marque fortement la situation actuelle ; ils ont un futur qui dépend de l’histoire et des prises de décisions actuelles.
- Analyser la coévolution des systèmes naturels et sociaux sur le long terme : phases d’évolution du système global, phases de crises et de ruptures des relations entre les deux systèmes qui le composent.
Géosystème = un système interactif entre deux ensembles constitués par un ou des sociosystème(s) et un ou des écosystème(s) naturel(s) ou artificialisé(s). Il s’inscrit dans un espace géographique donné et évolue avec le temps sous l’effet de facteurs externes et/ou internes au système.Dépendance réciproque de la société et du système naturel.
Le géosystème détient certaines caractéristiques le définissant comme :
- interactions société- milieux ;
- un système complexe : différents niveaux d’organisation imbriqués, s’inscrivant dans un espace local, régional ou global ;
- un système évoluant dans le temps long → construction sociale héritée : héritages naturels, anthropiques, institutionnels.
Ces recherches initient une géographie environnementale qui considère désormais l’environnement comme :
- un donné (ressources),
- un cadre de vie (aménités positives ou négatives),
- un ensemble perçu (bien-être, danger, opportunités)
- un ensemble qu’il convient de gérer (risque, paysage, usages…).
→ Dans cette perspective, la nature est socialisée, territorialisée, historisée, patrimonialisée et globalisée.
- Géosystème / analyser la structure et le fonctionnement biophysique d’un espace géographique tel qu’il fonctionne actuellement, en prenant en compte son degré d’anthropisation et les héritages qui en découlent.
- Territoire / analyser les répercussions de l’organisation et des fonctionnements sociaux et économiques sur l’espace considéré.
- Paysage / une analyse socio-culturelle de ce même ensemble géographique visible et perçu par les habitants.
La notion de développement
Pauvreté : un individu est pauvre quand il ne possède pas la liberté d’atteindre un niveau minimal de bien-être (se nourrir, avoir un bon niveau d’éducation ou participer à la vie de la communauté). Le revenu (l’argent) ne constitue plus qu’un élément parmi d’autres du bien-être individuel.
Amartya Sen → approche par la « capabilité » → la liberté positive, c'est-à-dire la capacité d'une personne à être ou à faire quelque chose, à pouvoir choisir sa vie.
→ Développement humain = un ensemble de libertés réelles qui lui permettent d’exploiter ses capacités et d’orienter son existence.
La notion de mobilité
Mobilité en géographie → double sens :
- mobilité effective : mouvements effectifs, déplacements, généralement dans un espace de métrique
- mobilité potentielle : capacité à se déplacer
/!\ La mobilité concerne uniquement la mobilité de personnes, individus ou groupes.
La mobilité effective : les déplacements
« mouvement d’une personne, d’une origine à une destination »
La mobilité s’inscrit simultanément :
- dans l’espace, à travers les lieux concernés par les déplacements,
- dans le temps, par l’aspect temporel des déplacements (périodicité, durée, horaires)
La circulation
- notion plus globale et globalisante de l’ensemble des déplacements
- « ensemble formé par le déplacement et par l’espace produit ou affecté par ce déplacement » (Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Lévy et Lussault, 2003)
- la dimension spatiale de la circulation est plus large (≠ flux)
Les flux
- Flux = ensemble des déplacements, orientés par leur lieu d’origine et de destination et affecté à un trajet
- importance lieux de départ et d’arrivée
Les différents types de la mobilité humaine :
- mobilités quotidiennes
- voyages
- migrations
- mobilités résidentielles
→ distinction liée à la fois à la portée spatiale (distance) des déplacements individuels ainsi qu’à leur temporalité (temps court ou le long)
La mobilité potentielle : la motilité
= l’ensemble des facteurs définissant la potentialité à être mobile dans l’espace : conditions qui est en amont du déplacement.
L’accessibilité
- Offre de mobilité = une des caractéristiques différenciant les lieux.
- Accessibilité spatiale et temporelle (réseaux et moyens de transport).
- Ressources (économiques, sociales, culturelles, affectives, etc.).
Capacité à la mobilité
Éléments différenciant les individus mobiles les uns par rapport aux autres
- Capital familial et/ou collectif (diaspora)
- Acquis actuels ou passés
- Accès et la maîtrise de l’information (Internet, Guides, plans, etc.)
- Projets individuels
Formation au déplacement, des connaissances, des savoirs et des acquis
→ culture de la mobilité (Source : Le Breton, 2006.)
Le temps et l’expérience
- la capacité et l’expérience de la mobilité est construite au fil du temps (≠ / chaque individu).
- la motilité s’alimente dans le temps et l’espace de l’expérience de mouvement (déplacement effectif)
→ Mobilité = compétence, appropriation progressive, non acquise définitivement
La notion de recomposition
Courte bibliographie en géographie
Sur la France :
Les rapports en accès libre du CGET (ex-DATAR) : https://www.cget.gouv.fr/
Les Atlas Autrement : www.autrement.com
Les numéros de la Documentation photographique : www.cnrseditions.fr
Documentation photographique à paraître
Octobre 2019 : Espaces ruraux en France, Monique Poulot et François Legouy
Décembre 2019 : La Méditerranée, Pascale Froment
Janvier 2020 : Les frontières, Michel Foucher
Courant 2020 : Les espaces productifs dans le monde, F. Bost et D. Messaoudi
Notions et mises au point en histoire
La question du découpage de l’histoire
Le long Moyen-Âge de Jacques Le Goff
« J’estime quant à moi que le changement de période, la fin du long Moyen-Âge se situe au milieu du XVIIIe siècle. Il correspond aux progrès de l’économie rurale (…) à l’invention de la machine à vapeur (…) ; à la naissance de l’industrie moderne (…). Dans le domaine philosophique et religieux , le long Moyen Age se termine avec l’ouvrage qui introduit la pensée rationnelle et croyante, la science et la technologie modernes, l’Encyclopédie (…). Enfin, la fin du XVIIIe siècle correspond dans le domaine politique, au mouvement antimonarchique décisif de la Révolution française. »
Jacques Le Goff, Faut-il découper l’histoire en tranches ?, Paris, Seuil, 2014.
- Lien avec le programme de 2e : introduction : la périodisation (2 heures)
- A chaque époque son histoire et ses découpages ? Le BO : « le choix de ces dates qui servent de marqueurs ne va pas de soi : ainsi on retient 1453 ou 1492 pour les débuts de l’époque moderne, selon ce que l’on souhaite mettre en exergue. »
- Au-delà de ce questionnement, l’objectif de l’introduction du programme de 2e est de rappeler comment l’histoire a été divisée en 4 périodes, dont l’ « époque moderne ».
Un renouvellement de l’approche de l’histoire moderne
Source : Patrick BOUCHERON, « Inventer le monde. Une histoire globale du XVe siècle ». Documentation photographique, dossier n°8090, novembre-décembre 2012, p.6.
World history :courant historiographique d’inspiration anglo-saxonne, né dans le sillage des travaux pionniers de William McNeiIl sur l’histoire, en longue durée, de l’emprise occidentale sur le monde. Elle se développe dans les années 1980 en tentant une synthèse entre l’histoire braudélienne de l’économie-monde et l’approche comparée des civilisations.
Global history ou histoire globale : comme la world history avec laquelle elle se confond fréquemment, la global history prend le monde pour objet, mais en mettant l’accent sur tous les phénomènes d’interaction qui produisent de la globalisation (commerce, migrations, guerres etc.). D’autres historiens se risquent même à une big history qui prend l’univers pour échelle et croise les méthodes des sciences physiques.
Histoires connectées :renonçant à l’échelle du global, certains historiens –à la suite notamment de Sanjay Subrahmanyam et de Serge Gruzinski – cherchent à aborder les mêmes enjeux de l’histoire du monde, mais à partir d’une exploitation intensive des archives du contact entre deux civilisations, localement denses. L’étude des connections et des métissages, mais aussi parfois des incompréhensions entre groupes humains est le programme de ce courant qu’on appelle aussi l’histoire croisée.
Thème 2 - XVe-XVIe siècle : un nouveau rapport au monde, un temps de mutation intellectuelle
Chapitre 1 - L’ouverture atlantique : les conséquences de la découverte du « Nouveau Monde ».
Le chapitre porte sur l’élargissement du monde des Européens à l’espace atlantique et aux conséquences qui en découlent :
- naissance et développement des empires coloniaux,
- mondialisation des échanges (économiques, culturels etc.) de part et d’autre de l’Atlantique et au-delà.
- conséquences sur les populations non-européennes (Amérindiens : choc microbien, métissage, christianisation etc.; Africains : la traite et l’économie de plantation).
- Conséquences sur les populations européennes :
- l’élargissement du monde, la colonisation, la cartographie, l’économie sucrière, le développement des ports européens (ex : Nantes et Bordeaux).
- les regards sur l’espèce humaine : qu’est-ce qu’un homme et comment définir le genre humain au regard des populations africaines et de la découverte des Indiens d’Amérique ?
→ La formulation du programme officiel n’est pas anodine : on parle de la découverte du « Nouveau Monde » mais on a ajouté des guillemets…
Conclusion
- Un fil rouge : l’ouverture atlantique entraîne une forme de mondialisation
- Les apports de l’historiographie : histoire mondiale / world history / histoire globale / histoire connectée
- Quels regards ? Celui des populations non-européennes, celui des Européens.
Bibliographie indicative et non exhaustive
Les Lumières et le développement des sciences
Thème 4 - Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIe et XVIIIe siècles (11-12 heures)
Chapitre 1 - Les Lumières et le développement des sciences
La lecture problématisée des programmes est essentielle. Il s’agit de leur donner du sens pour construire les connaissances et les compétences fondamentales tout en évitant l'encyclopédisme.
Problématique possible de ce chapitre :
Comment définir l’esprit scientifique, comment s’est-il affirmé et quel a été son rôle capital dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles ?
La problématique peut être formulée à partir :
- De la réactivation des connaissances des élèves, des prérequis.
- D’une contextualisation du professeur, du recours au récit
- D’un document d’accroche qui peut être mis en lumière progressivement au cours du chapitre etc.
→ Si la problématique est posée en début de thème ou de chapitre, en revanche, la réponse n’est pas toujours formalisée, voire même formulée… Il est essentiel qu’elle le soit, sous une forme ou sous une autre (résumé linéaire, schéma, tableau, croquis de synthèse, carte mentale etc.). - La réponse à la problématique permet de faire le lien avec le chapitre 2 Tensions, mutations et crispations de la société d’ordres.
Comment définir l’esprit scientifique, comment s’est-il affirmé et quel a été son rôle capital dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles ? |
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Réponse rédigée |
Approfondissement possible |
PPO étudiés |
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Les sciences détrônent progressivement la métaphysique, puisque les scientifiques et les philosophes renoncent à découvrir le « pourquoi » des choses, en se contentant du « comment ». Bref, puisque l’homme est incapable de dire pourquoi le monde existe, autant qu’il se contente de trouver des réponses concernant la manière dont ce monde est fait et dont il « fonctionne ». On remplace donc le « pourquoi » par le « comment » : les sciences s’imposent au détriment de la métaphysique (pour dire les choses simplement, le recours à « Dieu ») en se fondant sur des hypothèses, en menant des expériences, en prouvant, en dégageant des lois scientifiques. |
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Stéphane VAN DAMME, « Sciences en société. De la Renaissance à nos jours », Documentation photographique, n° 8115, janvier-février 2017, 64 p., Paris, La Documentation Française Les sciences et les techniques sont aujourd’hui bien souvent sujets à débats et controverses. Le fait n’est pas nouveau. Stéphane Van Damme propose de revisiter l’histoire des sciences de la Renaissance à nos jours, en faisant la part belle à ce que l’on nomme aujourd’hui l’Ancien Régime des sciences. Il s’attarde ensuite sur le XIXe siècle, inventeur de « la science », et évoque enfin le XXe siècle, qui a vu l’homme tenter de repousser les limites de l’humain et de la nature. |
Histoire des femmes/histoire du genre/histoire mixte
- L’histoire des femmes a d’abord été une « histoire au féminin » : Les premières recherches s’intéressent au mouvement ouvrier et au rapport entre travailleurs et travailleuses. Puis, se développe une histoire du travail féminin centrée sur la division sexuelle et sociale du travail et la surexploitation des femmes (textile etc.). Autour du corps des femmes, de l’histoire de l’accouchement, de la maternité, fleurissent des études qui prennent en compte la longue durée (Mireille Laget sur l’histoire de l’accouchement). On débouche progressivement sur une histoire moins économique et plus culturelle.
- Dans la deuxième moitié des années 80, les travaux concernent de plus en plus les rapports sociaux du sexe. Est surtout posée la question des pouvoirs. S’éloignant du chemin connu de la domination et de l’oppression, les recherches abordent les thèmes du consentement, de la ruse, du désir et de la séduction, donc des rapports complexes entre les deux sexes, dans le cadre de la famille ou des espaces privés. Dans le sillage de Michel Foucault, la question des pouvoirs remet sur le devant de la scène une histoire politique, en particulier l’histoire du féminisme.
→ Voir l’article de Michelle ZANCARINI-FOURNEL, « Histoire des femmes, histoire du genre » p.208-219 dans C.DELACROIX, F.DOSSE, P.GARCIA, N.OFFENSTADT, Historiographies, Concepts et débats, Gallimard, 2010.
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L’Histoire des genres.
On peut distinguer en France plusieurs usages de l’histoire « du genre » et « des genres » :
Le terme d’histoire mixte, deux exemples de contributions. Geneviève DERMENJIAN, Irène JAMI, Annie ROUQUIER, L’académie de Lille propose des exemples pour introduire une réflexion sur le rôle des femmes dans la société, en lien avec les nouveaux programmes de lycée. Julie LE GAC et Fabrice VIRGILI (dir.), L’Europe des femmes, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, Perrin, 2017, 351 p. |
Et dans les programmes de lycées ?
Classe de 2de :
Thème 4 - Dynamiques et ruptures dans les sociétés des XVIIe et XVIIIe siècles
- Chap. 1 → Emilie du Châtelet, femme de science.
- Chap. 2 → Un salon au XVIIIe siècle (le salon de madame de Tencin par exemple).
Classe de 1ère générale :
Thème 1 - L’Europe face aux révolutions
- Chap. 1. → Madame Roland, une femme en révolution.
Thème 2 - La France dans l’Europe des nationalités : politique et société (1848-1871)
- Chap. 1. → George Sand, femme de lettres engagée en politique.
Thème 3 - La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial
- Chap. 1. → Louise Michel pendant la Commune de Paris.
Thème 4 - La Première Guerre mondiale : le « suicide de l’Europe » et la fin des empires européens
- Chap. 2. → Marie Curie dans la guerre.
Classe de 1ère technologique :
Thème 3 – La Troisième République : un régime, un empire colonial.
- Sujet d'étude au choix → L’instruction des filles sous la Troisième République avant 1914.