Les incursions de vikings sur les côtes bretonnes entre les IX° et X° siècles sont des événements connus, répertoriés dans les chroniques et par l’archéologie. La tombe viking de l'île de Groix, découverte en 1906 au sud de Locmaria, sur l’île de Groix (56) en est un exemple.

Tombe viking de Locmaria (ile de Groix), reconstituée et exposée au port Musée de Douarnenez en 2013

(source : http://www.port-musee.org/expositions/la-tombe-viking-de-lile-de-groix-expositions/la-tombe-viking-de-lile-de-groix.html).

Plusieurs camps vikings sont connus ou supposés près de Dol de Bretagne (35), sur l’île de Batz (29), et à Plozévet (29) et Nantes (44).

Mais, ces marins, ces hommes du nord, n’ont pas laissé que des restes archéologiques. Comme tous les hommes, ils transportaient aussi leurs gènes et les traces de ceux-ci dans les populations actuelles sont aussi des marques de leurs passages.

Actuellement, au moins deux pathologies, présentes en Scandinavie mais aussi dans toutes les populations ayant été en contact avec les vikings (en Europe de l’ouest, des îles britanniques à l’Islande et la Bretagne, puis tous les endroits où celles-ci ont émigré (Amérique, Australie…)) en témoignent. Ce sont la maladie de Dupuytren et la sclérose en plaques.

Pour chacune de ces maladies, on soupçonne fortement l'existence de facteurs génétiques de susceptibilité, c'est-à-dire de gènes rendant plus sensibles à l'apparition de ces maladies. Exceptionnelles chez les personnes asiatiques et africaines, elles sont présentes chez individus européens du nord (Islande, Scandinavie, ouest de la France, Angleterre et Ecosse) et leurs descendants, en particulier dans les pays d'émigration britannique (Canada, USA, Australie). Les invasions des Vikings apparaissent comme le facteur prédominant de la répartition de ces maladies dans le monde.

La première, maladie de Dupuytren (du nom du chirurgien, Le baron Guillaume Dupuytren(1777-1835) qui l’a décrite en 1831) se présente par une rétraction irréversible des doigts par fibrose de l'aponévrose de la paume et des doigts.

Mains déformées par la maladie de Dupuytren

(source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1305903/pdf/bumc0014-0378.pdf)

La seconde, sclérose en plaques ou SEP, est une maladie auto-immune, où le système immunitaire de l’individu se trompe et attaque la gaine protectrice de myéline des fibres nerveuses, forme des « trous », des plaques, dans le système nerveux central (cerveau, moelle épinière…) du malade. De cela, il découle des troubles et pertes plus ou moins progressifs de la sensibilité, la motricité, la vision… selon les fibres nerveuses atteintes.

Neurone (cellule nerveuse) dont la myéline est attaquée

(source : http://www.notresclerose.org/tag/my%C3%A9line)

Il ne s’agit pas de dire ici que ces maladies ont une seule origine génétique et une origine viking ! Mais, la distribution géographique de la maladie plaide pour l’existence de facteurs génétiques de susceptibilité communs, entrainant des réactions du corps à l’origine de ces maladies.

D’autres exemples de maladies reflétant les migrations et l’histoire des populations humaines existent pour certaines thalassémies (des maladies héréditaires du sang présentes au sein des populations tout autour de la méditerranée et là où elles ont émigré (population d’origine italienne aux Etats-Unis)) et la maladie Tay-Sachs, une maladie neurodégénérative touchant en priorité les enfants  juifs ashkénazes en Europe centrale et États-Unis (un des pays de leurs émigrations).

Les mers qui entourent une grande partie de la Bretagne sont formées d’eau. N’oublions pas que l’eau est un vecteur, transportant les hommes, leurs techniques, leurs idées, leurs produits, leurs ressources, leurs maladies et leurs gènes.

Pour en savoir plus

* sur les vikings en Bretagne

 Dossier d’Archéologie « Les Vikings en France ». (2002).

http://www.bretagne-tours.com/index.php/Les-vikings-en-bretagne

http://www.dossiers-archeologie.com/numero-277/vikings-france/sepulture-a-bateau-viking-l-ile-groix.8878.php#article_8878

* sur une tombe viking à l’île de Groix

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_4_6863

Paul, E. H.(1973). La tombe viking de l'île de Groix. Bulletin Monumental, 131(4) : 371. http://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1973_num_131_4_6863.pdf

http://www.port-musee.org/expositions/la-tombe-viking-de-lile-de-groix-expositions/la-tombe-viking-de-lile-de-groix.html

* sur la maladie de Dupuytren et les vikings

http://www.hopitalsaintlouis.org/index.php?option=com_content&view=article&id=73%3Amaladie-de-dupuytren&catid=40%3Amain&Itemid=92&showall=1

Flatt, A.E. (2001). The Vikings and Baron Dupuytren's disease. Proc (Bayl Univ Med Cent), 14(4): 378–384. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1305903/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1305903/pdf/bumc0014-0378.pdf

* sur la sclérose en plaques et les vikings

Poser, C.M. (1994). The dissemination of multiple sclerosis: A Viking saga? A historical essay. Annals of Neurology, 36(52) supp. S2:231-243.

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ana.410360810/abstract?systemMessage=Pay+Per+View+on+Wiley+Online+Library+will+be+unavailable+on+Saturday+15th+April+from+12%3A00-09%3A00+EDT+for+essential+maintenance.++Apologies+for+the+inconvenience.

Poser, C.M. (1995). Viking voyages: the origin of multiple sclerosis? An essay in medical history. Acta Neurol Scand Suppl. 1995;161:11-22. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7653241

http://multiple-sclerosis-research.blogspot.com/2016/09/the-vikings-started-itwill-they-end-it.html

Gale, C.R. & C.N. Martyn (1995). Migrant studies in multiple sclerosis. Progress in Neurobiology, 47(4-5) :425-448. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/030100829580008V