Charles Barrois, un spécialiste du Massif armoricain qui n’était pas du cru
Ressource
Le Massif armoricain est un des principaux massif montagneux du territoire français. Massif ancien, certes, d’altitude réduite, mais massif montagneux quand même ! Son étude et la compréhension de sa structure fut un travail de longue haleine, qui s’échelonna sur des décennies, mais un des acteurs initiaux fut sans aucun doute : Charles Barrois.
Charles Barrois (1851-1939)
(source : http://asa3.univ-lille1.fr/spip/ASA_histoire/serviteurs/barrois.htm)
Natif du Nord au sein d'une grande famille industrielle, Charles Barrois eut la chance de pouvoir mener ses travaux en toute indépendance. Il s’intéressa successivement à la géologie du Bassin anglo-normand, puis des terrains anciens (du Cambrien au Permien, c’est-à-dire de 540 à 250 millions d’années environ) d’Espagne (en Asturie et Galice), un travail jetant les bases de la compréhension d’une des plus vielles chaines de montagnes européennes : la chaine hercynienne.
Mais c'est par l’étude du massif armoricain que Charles Barrois marquera sa discipline. A partir de 1876, durant près de 25 ans, il arpente vallons et côtes de l’Argoat et l’Armor pour en dresser des cartes géologiques (plus de 20 feuilles).
On lui doit notamment l’identification de la similarité des « granites rouges » carbonifères (=âgés d’environ 300 millions d’années) du Massif armoricain, c’est-à-dire des granites d’Ouessant, de l’Aber-Ildut, de Kernilis, de Ploumanac’h, de Flamanville et de Fermanville-Barfleur. Ces «granites rouges » furent appelés ainsi car ils sont riches en gros minéraux colorés en rose et rouge (orthose et microcline).
Gros plan sur un échantillon du granite de l’Aber-Ildut.
Cliché pris sur le mur du front de mer à Plougonvelin (29).
image : B. Chanet
Alignement des « granites rouges » carbonifères,
modifié d’après J. Plaine (2004) (https://sgmb.univ-rennes1.fr/geotopes/decouvertes/23-decouvertes/67-ploumanac-h).
Selon son expression imagée, ces granites alignés forment une traînée moniliforme (en grains de chapelet). On interprète aujourd’hui cet alignement de granites similaires (en âge et composition) comme la trace d’un évènement commun profond (une rupture de slab ou cassure en profondeur d’un pan de croute terrestre en subduction). Cette rupture a notamment été à la base de la formation du granite de l’Aber-Ildut, célèbre pour avoir a fourni (carrière de l'Ile Melon, Porspoder, 29) le socle de l’obélisque de Louxor érigée en 1836 à la place de la Concorde, à Paris (Vila, 2000).
Pour en savoir plus
http://asa3.univ-lille1.fr/spip/ASA_histoire/serviteurs/barrois.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Barrois_(g%C3%A9ologue)
Notice nécrologique de Charles Barrois (1940-1945). Annales de la Société Géologique du Nord, 65:24-57.
Plaine, J. (2004). Joyau géologique du Trégor, le magmatisme composite du complexe granitique de Ploumanac’h. https://sgmb.univ-rennes1.fr/geotopes/decouvertes/23-decouvertes/67-ploumanac-h
Vidal, P. (1980). L'évolution polyorogénique du Massif armoricain; apport de la géochimie isotopique du strontium. Mém.Soc.géol.minéral.Bretagne, 21, 162 p. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96881751
http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img567-2017-05-01.xml
Vila, J. (2000). Dictionnaire de la tectonique des plaques et de la géodynamique, Paris, Gordon & Breach publisher, collection géosciences, 542 p.