Développer des compétences de lecture et d'écriture, en découvrant des albums poétiques, au graphisme époustouflant
Les tâches qui favorisent la prise de risque et la confiance en soi développent parallèlement les apprentissages langagiers. Les tenants d’une certaine doxa, aiment à penser qu’il faut d’abord « acquérir les bases de la langue » et qu’on devient créatif plus tard. Ceci n’a pas de sens car les intentions, les émotions que nous formulons avec des mots, émergent par l’interaction et la langue en est le résultat.
Voici une sélection de plusieurs romans graphiques, destinés à soutenir les apprentissages langagiers de lecteurs parfois débutants en français, mais aussi ceux de tous les autres élèves de la classe. En cours de français, la démarche consiste d'abord à proposer aux élèves (allophones ou non) des ouvrages au graphisme subtil et à la narration soignée, puis à les engager dans des productions (écrites et orales) sensibles et imaginatives.
La particularité des livres choisis est d'être peu bavards, voire silencieux. Ainsi, dans la continuité de ces lectures, de nombreuses activités d'écritures créatives pourront être proposées à la classe.
* Ne pas oublier d'inscrire les apprentissages dans une perspective plurilingue et interculturelle : beaucoup d'adolescents ont rencontré ou appris plusieurs langues. Certains élèves de la classe ont parcouru plusieurs pays. Il est donc tout à fait envisageable de valoriser leurs connaissances, dans leur diversité, en les encourageant à convoquer dans leurs écrits des mots de la langue de leur choix.
1. Là où vont nos pères, Shaun Tan (éd. Dargaud)
Proposition : Sélectionner dans l'ouvrage une planche que vous aimez particulièrement et imaginer le monologue intérieur du personnage qui y figure. Ce monologue pourra être un poème, qui sera enregistré et éventuellement partagé en ligne.
** Selon le niveau atteint par les élèves, le poème ne sera peut-être constitué que de quelques mots dictés à l'adulte, ou d'une phrase enregistrée, dans un premier temps.
2. Le chat qui n'a pas de bouche vous aime beaucoup, Doublebolb (éd. FREMOK)
Proposition : A la manière de l'auteur réaliser un cut up (un découpage-collage aléatoire de textes), le disposer sur une feuille cartonnée, puis l'accompagner d'une image convoquant différentes techniques mixtes (découpage et collage,tracés au crayon bic, graphite, crayons de couleurs, etc.).
*** Dans une perspective inclusive, on pourra afficher les réalisations des élèves en dehors des murs de la classe, dans un couloir ou au CDI. En effet, cette démarche peut conforter le sentiment d'appartenance des nouveaux arrivants à leur établissement.
3. Automne, Jon Mac Naught (éd. Dargaud)
Proposition : Choisir dans l'album un passage (une ou plusieurs images se référant à un passage précis). Les prendre en photo. Télécharger ces images à l'aide d'un outil numérique, leur associer une musique particulièrement expressive. Constituer ainsi un diaporama enrichi qui sera partagé avec l'ensemble de la classe.
**** Prendre la parole en public peut être insécurisant pour des élèves nouvellement arrrivés dans la classe. On pourra donc proposer que les exposés soient préparés par un écrit, avant d'être enregistrés puis déposés dans un espace de travail en ligne.
4. Une âme égarée, Olga Tokarczuk et Joanna Concejo (éd. Format)
Proposition : Créer un petit carnet (A6) sur le thème des moments passés ou sur celui des moments à venir. A l'aide de papier calque, de différents moyens graphiques (dessins, photocopies d'images, collages, schémas...) et des mots, faire croiser les mots et les images tout en transparence.
***** Faire surgir du passé des moments perdus peut être douloureux pour certains élèves de la classe. Dans une dynamique de résilience, on pourra leur proposer, non pas de se tourner vers le passé, mais plutôt de se projeter avec optimisme vers l'avenir.