Stocker des déchets pour se détoxifier
Ressource
Toute activité génère des polluants, des toxiques… qui se retrouvent dans l’environnement. C’est le lot de toute activité, de tout organisme, de toute cellule.
Stocker, confiner les déchets dans un endroit limité, « sûr » est une solution envisagée. L’enfouissement de produits radioactifs par 500 m de fond au sein d’argiles est en cours de discussions et d’expérimentations pour le site de Bure (55). Des déchets de la marée noire du pétrolier Torrey Canyon (le 18 mars 1967 sur la côte sud de la Cornouaille anglaise) ont été ramassés sur les côtes costarmoricaines, placés sur l’île d’Er face à Plougrescant (22) et livrés aux intempéries pendant plus de 40 ans ...
A une autre échelle, les espèces littorales font de même.
Un homard breton dans son antre par 19 mètres de fond sur le littoral nord-breton
(source : http://doris.ffessm.fr/ref/specie/747)
Par exemple, les homards accumulent les toxiques de leur environnement (métaux (plomb, nickel…), polluants divers, dioxines...) dans leurs branchies, leurs viscères (= hépatopancréas chez ces crustacés), puis leur carapace. Les animaux se détoxifient ainsi naturellement et libèrent leurs chairs de ces polluants, qui pourraient s’y avérer toxiques à hautes doses, dans leur squelette externe. Leur croissance s’effectue par à coups, par mues successives, périodes durant lesquelles les homards (comme tous les crustacés) changent leur carapace pour une plus grande. Les animaux sont donc ainsi détoxifiés, ils perdent leurs polluants et tout est au mieux dans le meilleur des mondes.
Pas tout à fait.
Primo, les polluants se retrouvent dans l’environnement car ces carapaces sont consommées par une foule d’organismes qui trouvent là à la fois des protéines et des sels minéraux. Les polluants sont toujours là. Mais, la chair des homards que nous consommons est, ouf !, saine, elle !
Pas tout à fait.
Secundo, nombre de homards consomme leurs propres mues (une source de protéines et de sels minéraux)… et… tout est à recommencer…
Se débarrasser de polluants est un exercice long et délicat… où les difficultés apparaissent dans les détails. Stocker les déchets peut être une bonne idée, sitôt que l’on s’assure de leur sécurité et de leur innocuité sur le long terme.
Pour en savoir plus
Ahearn, G. A. et al. (2004). Mechanisms of heavy-metal sequestration and detoxification in crustaceans: a review. J. Comp. Physiol. B, 174:439-152.
Leblanc, L.A. et D. Prince (2012). Metal Concentrations in Tissues of American Lobsters (Homarus americanus, Milne-Edwards) with Epizootic Shell Disease. Journal of Shellfish Research, 31(2):543-553.
Sohier S. et al. (2017) Homard européen, Homarus gammarus (Linnaeus, 1758). In : DORIS, 01/06/2017 : Homarus gammarus (Linnaeus, 1758), http://doris.ffessm.fr/ref/specie/747
http://www.robindesbois.org/category/balisage/pollutions-marines/marees-noires/dechets-de-marees-noires/
Daisir, A. (2015). Etude préliminaire de la place du CRABE au sein du projet DIVA CORRIDOM à Morne-À-L’eau. Mémoire de Master Recherche 2ème Année « Biologie-Sante ». Université des Antilles Guyane Faculté des Sciences Exactes et Naturelles, 30pp.
prodinra.inra.fr/ft/78ef5e8b-f283-4423-bba0-2614e12868bd
Le Gal, Y. (1988). Biochimie marine. Masson (ed.), Paris, 285 pp.
Voltaire (1759), Candide ou l'Optimisme. Genève.
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