Bilan académique des TraAM 2016-2017
Les différents projets engagés dans le cadre des TraAM
Le groupe de travail comptait trois professeurs de langues vivantes du second degré (anglais et espagnol), et une professeure des écoles. L’équipe a travaillé à partir des problématiques suivantes: Comment introduire les outils numériques de manière progressive pour améliorer les apprentissages des élèves ? Comment assurer une continuité des usages du numérique entre le cycle 3 et 4 ?
Dès la maternelle, les enseignants utilisent certains outils numériques, répondant ainsi à la priorité ministérielle : « faire entrer l’école dans l’ère du numérique ». Il convient à présent de réfléchir au type d’outils à utiliser et d’analyser comment une introduction progressive du numérique permet d’améliorer les apprentissages de l’élève. En effet, les outils sont nombreux : TBI, VPI, tablettes, visualiseurs; ordinateurs, baladodiffusion, BYOD, etc. En fonction de l’âge de l’apprenant, l’outil utilisé ne sera pas nécessairement le même et/ou l’usage qui en sera fait n’aboutira pas au développement des mêmes compétences et des mêmes stratégies. Il est donc intéressant de voir quels outils utiliser dès le cycle 3, comment assurer une continuité et une progressivité dans l’utilisation des outils et dans les usages du numérique entre le cycle 3 et le cycle 4 ? Comment mettre en place une collaboration entre l’école et le collège et faciliter le suivi des acquis des élèves ? Comment aider l’élève à acquérir une méthode pour apprendre à apprendre seul ou collectivement ? Dans la classe et en dehors de la classe ?
Dans l’expérimentation que l’équipe a menée, les enseignants ont construit des scénarios pédagogiques interlangues par cycles intégrant un ou plusieurs outils numériques. Les choix d’outils devaient apporter une véritable plus-value pédagogique et amener l’élève à développer des compétences indispensables pour le citoyen du XXIe siècle, telles que la collaboration et le savoir-être en société. Tous les élèves ont pratiqué l’anglais dans un cadre authentique grâce à des échanges virtuels sur leur quotidien avec des correspondants vivant à l’étranger (ce qui est possible via eTwinning, Epals ou Edmodo). Les outils numériques ont par exemple permis à des élèves de CM2 d’utiliser l’application Book Creator pour créer une carte de vœux virtuelle pour leurs correspondants incluant une vidéo, des photos et du texte. Avec Garage Band, les lycéens ont composé à l’approche de Noël un album de chansons au profit d’une association caritative. Grâce à Padlet, les élèves ont ensuite mutualisé leurs productions et recueilli les impressions de leurs correspondants américains. En BTS, des étudiants ont pu présenter leurs rapports de stage sur un support numérique, toujours grâce à Padlet.
Les réflexions induites par les travaux engagés dans le cadre des TraAM
Plus les élèves commencent jeunes l'apprentissage d'une langue étrangère avec une pédagogie active intégrant le numérique, plus ils développent des stratégies et plus ils sont désinhibés face aux erreurs. Le numérique permet de ne pas laisser de « traces ». L'élève peut ainsi se tromper et recommencer autant de fois qu'il le souhaite pour réussir. Les outils numériques constituent un facteur de motivation certain, impulsent une dynamique de classe et favorisent la cohésion du groupe, mais il convient de choisir les outils et services adaptés en fonction de l'âge des élèves. À cet égard, une progressivité dans l'introduction des outils numériques et des repères pourrait être mis en place dès le cycle 3. Enfin, l'objectif langagier visé doit toujours être gardé à l'esprit, afin d'éviter l'écueil du « numérique pour faire du numérique ».
Le travail mené dans le cadre des TraAM cette année a mis en relief la difficulté d’assurer la continuité des apprentissages entre des établissements très différents à plusieurs niveaux: au niveau de l’environnement social et culturel, au niveau de l’équipement informatique, et au niveau de la maîtrise des différents outils numériques de la part des enseignants. Ces trois facteurs vont avoir un impact considérable sur la mise en œuvre pédagogique du projet avec les élèves. Les enseignants engagés dans le projet étaient en effet tous dans des cycles et des environnements très différents : une enseignante d’école rurale qui avait peu d’équipement numérique et une maîtrise très basique des outils ; une enseignante d’un collège connecté ; une autre d’un collège près de Rennes ; une autre enfin d’un lycée polyvalent à l’autre bout de l’académie. Une solution pourrait être de travailler entre enseignants qui relèvent du même secteur ; ainsi, chaque enseignant serait proche géographiquement de ses collègues, ce qui rendrait les échanges plus faciles ; en outre, chacun partagerait les mêmes réalités socio-culturelles, ce qui faciliterait la construction d’objectifs communs.
L’équipe de professeurs a listé des points de vigilance à garder en tête lors de ce type d’expérimentation : la prise en main des outils doit être facile pour les élèves et les enseignants, l’outil doit être pertinent dans l’activité à accomplir et la création de comptes utilisateurs nécessitant la divulgation de données à caractère personnel ne doit pas être requise.
La réussite d'un projet intégrant le numérique nécessite que l'enseignant soit capable de trouver des stratégies de contournement aux difficultés, ou qu’il soit en mesure d'être accompagné dans la résolution de problèmes techniques. Lorsque l'enseignant est bien formé aux outils numériques, lorsque les élèves sont bien préparés en amont et lorsque l'activité mise en œuvre a été bien pensée pour intégrer naturellement le numérique, alors toutes les conditions sont réunies et l'élève peut transférer ses connaissances et ses compétences lorsqu'il aborde le même thème dans une autre langue étrangère.
L’équipe a également regretté la disparité des outils utilisés en fonction des cycles, qui rend difficile le travail inter-degrés. Ainsi, le premier et le second degrés n’ont pas le même ENT et il n’y a pas de perméabilité entre les deux ENT. Le travail collaboratif entre enseignants est donc impossible via cet outil de travail, et le suivi du travail des élèves impossible entre les degrés. Comment faire alors pour avoir une vue d’ensemble sur le travail effectué et les progrès réalisés par les élèves ? Avoir accès à ces informations permettrait à l’enseignant de pouvoir mettre en place une remédiation efficace sans perdre de temps. Le groupe s’est posé la question de la nécessité de créer un carnet numérique interactif pour que la continuité des apprentissages en langue vivante soit visible par l’élève et les différents enseignants qu’il va croiser pendant sa scolarité.