12. Enseignement moral et civique (EMC)
L'organisation des programmes d'EMC
Dans le cadre de la réforme du lycée général et technologique, sont parus de nouveaux programmes d’enseignement moral et civique (EMC) entrés envigueur en seconde et en première à la rentrée 2019 et qui entreront en vigueur en terminale à la rentrée 2020.
L’architecture de ces programmes est identique pour l’ensemble des classes de lycée. Un préambule définit les objectifs et finalités de cet enseignement qui s’inscrit dans la continuité des programmes des cycles 3 et 4 :
- aider les élèves à devenir des citoyens responsables et libres, conscients de leurs droits mais aussi de leurs devoirs ;
- transmettre les valeurs de la République ;
- forger leur sens critique et adopter un comportement éthique ;
- éduquer à la Défense et à la sécurité nationales, aux médias et à l’information, à la formation du jugement ainsi qu’à l’enseignement laïque des faits religieux.
Chacun de ces programmes est structuré autour d’un thème qui doit être étudié au cours de l’année : en classe de seconde, la liberté, en classe de première la société et en classe terminale la démocratie. Comme le souligne le préambule, « ces trois thématiques s’éclairent et se répondent. Elles permettent d’aborder le sens et la portée des valeurs de la devise républicaine : la liberté, thème central de l’année de seconde, mais aussi l’égalité et la fraternité, en tant qu’elles fondent une société démocratique. »
Les trois thèmes sont, dans un premier temps, abordés d’un point de vue notionnel à partir des deux axes définis dans chacun des programmes. Ces axes doivent permettre l’appropriation par les élèves des notions à mobiliser et à acquérir ainsi que des capacités attendues.
Les capacités attendues sont à travailler tout au long des trois années de lycée :
- savoir exercer son jugement et l’inscrire dans une recherche de vérité ;
- être capable de mettre à distance ses propres opinions et représentations, comprendre le sens de la complexité des choses, être capable de considérer les autres dans leur diversité et leurs différences ;
- identifier différents types de documents (récits de vie, textes littéraires, œuvres d’art, documents juridiques, textes administratifs, etc.), les contextualiser, en saisir les statuts, repérer et apprécier les intentions des auteurs ;
- rechercher, collecter, analyser et savoir publier des textes ou témoignages ; être rigoureux dans ses recherches et ses traitements de l’information ;
- s’exprimer en public de manière claire, argumentée, nuancée et posée ; savoir écouter et apprendre à débattre ; respecter la diversité des points de vue ;
- développer des capacités à contribuer à un travail coopératif/collaboratif en groupe, s’impliquer dans un travail en équipe et les projets de classe.
Ces capacités ont pour finalité de forger l’esprit critique et d’élaborer un jugement raisonné personnel et réflexif en :
- croisant des points de vue argumentés afin de dissocier ce qui relève du domaine de la croyance et du supposé de ce qui est considéré comme un fait avéré, un « donné » ;
- croisant l’analyse des différents types de documents (sources, données brutes, expression d’un point de vue…)
- prenant conscience de leur responsabilité individuelle de futurs citoyens dans la construction et la diffusion d’une information qui engage la société à laquelle ils appartiennent.
Chaque axe est composé de domaines d’enseignement qui permettent d’aborder la problématique posée, appelée « questionnement » et d’y répondre à travers l’étude de deux domaines choisis par le professeur. Le traitement problématisé de chacun de ces thèmes doit mettre en évidence les notions mobilsées, « engagement », « laïcité », « respect de la personne humaine », et les capacités travaillées.
Ces programmes veillent à préserver un équilibre entre la transmission d’éléments de culture politique et la mise en action de ces notions. Pour y parvenir, cette dimension conceptuelle est éclairée par la façon dont la « Liberté », la « Société » et la « Démocratie » s’incarnent dans des figures féminines et masculines et sont mises en tensions face à des enjeux contemporains. Les objets d’enseignemments proposés sont laissés à l’appréciation du professeur qui est invité à faire des choix. Il peut néanmoins croiser les approches et les scénarii pédagogiques afin d’appréhender de manière globale et problématisée les enjeux contemporains auxquels sont confrontés les élèves.
Ces programmes veillent également à préserver un équilibre entre la transmission d’éléments de culture politique et l’échange afin de favoriser l’engagement des élèves à travers la production d’un travail personnel de l’élève incarnée par le projet de l’année. C’est par ce travail personnel que les élèves pourront travailler notamment l’argumentation, le traitement des sources mais également la réflexion, l’explicitation de son raisonnement et les compétences orales. Pour y parvenir, le professeur dispose de démarches pédagogiques indiquées dans les programmes et qui favorisent le travail personnel de l’élève (etudes et/ou exposés et/ou discussions argumentées ou débats réglés). Il peut également mobiliser les élèves autour du « projet de l’année » qui peut être l’occasion pour ces derniers de donner corps à leur engagement.
« Le projet de l’année permet l’apprentissage des notions et favorise l’acquisition des capacités attendues. Sa formalisation et les modalités de restitution proposées aux élèves sont à l’appréciation du professeur. La démarche de l’enquête, la recherche et le commentaire de documents pour l’étude ou comme préalable à la rencontre d’acteurs associatifs, d’élus, ou de toutes personnalités extérieures sont à favoriser. » https://cache.media.education.gouv.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/90/0/spe572_annexe1_1062900.pdf
Il importe de laisser la plus grande autonomie aux élèves afin qu’ils élaborent leurs propres modèles de recherche, leurs propres modalités de travail. C’est en leur laissant l’initiative, la possibilité de se tromper et donc de réajuster qu’ils pourront amettre au point des méthodes de travail qui leur seront utiles dans différents contextes.
Focus sur la recherche documentaire et ses méthodes
La démarche de recherche d’information est définie par trois types d’actions : l’évaluation, la sélection, et le traitement de l’information. D’une part, ces actions sont mobilisées de manière cyclique et dynamique tout au long de l’activité de recherche. D’autre part, ces actions dépendent des représentations et des connaissances préalables que l’élève possède. Enfin, elles supposent de mobiliser un besoin d’information qui évolue en fonction de la tâche à effectuer et de l’environnement matériel (équipement informatique) et documentaire (ressources). La recherche d’information ne se limite donc pas à une simple collecte ou à l’obtention d’un “résultat” mais s’inscrit dans un processus cognitif de résolution de problèmes (Tricot, 2006). Il est important de la faire émerger en lien avec sa finalité (communication écrite ou orale). Enfin, la recherche d’information s’inscrit aujourd’hui dans un environnement documentaire et informationnel complexe. Les individus ou les organisations jouent, en effet, un rôle actif dans la production et la modification, le classement et l’évaluation de l’information. Ainsi, les médias, l’information peuvent être une construction de la réalité qui renvoie à des valeurs, des intérêts, des rapports de force. Il est nécessaire de faire distinguer aux élèves ce qui relève de la communication ou de la production non normée et individuelle de ce qui est du travail du journalisme professionnel. Le rappel de ce que constitue la déontologie du journaliste comme cadre structurant de son travail est fondamental pour considérer une confiance raisonnée dans l’information produite. Il s’agit finalement d’amener les élèves à se positionner de manière efficiente face à la complexité et à l’instabilité de ces contextes.
Extrait d’Eduscol, Enseignement moral et civique, démarche et méthode : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/52/5/RA19_Lycee_GT_2nde1reTle_EMC_Demarche-et-methode_1180525.pdf
L’enseignement d’EMC en lycée bénéfie d’un horaire dédié et fait l’objet d’une évaluation propre
En effet, l’article 2 du BOEN n°29 du 19 juillet 2018 qui fixe la liste et le coefficient des épreuves du baccalauréat général en contrôle continu, précise qu’un coefficient 10 est affecté à la moyenne de l'évaluation des résultats de l'élève au cours du cycle terminal pour les enseignements de tronc commun, parmi lesquels figure l’EMC qui compte donc à poids égalavec les autres enseignements et apparaît dans les bulletins.
Les programmes d'EMC en seconde générale et technologique et en première des voies générale et technologique sont définis par arrêté du 17-1-2019 publié au BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019 :
- https://cache.media.education.gouv.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/90/0/spe572_annexe1_1062900.pdf
- https://cache.media.education.gouv.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/84/8/spe572_annexe2_22-1_1063848.pdf
Le programme d'EMC en terminale des voies générale et technologique est défini par arrêté du 19-7-2019 publié au BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019 :
Des ressources d’accompagnement de ces programmes sont mises à disposition pour les classes de seconde et de première
Exemple de construction prenant appui sur un projet de l’année :
Axe 1 |
Des libertés pour la liberté |
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Questionnement |
Quels sont les principes et les conditions de la liberté ? |
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Notions à acquérir |
- Le rapport entre liberté et droits, le respect, la tolérance et l’égalité devant la loi. - Libertés fondamentales, libertés publiques : délimitations et limitations possibles. - L’intériorisation de la liberté de l’autre ou le rapport à soi et aux autres : altérité, différence, discrimination. - L’État de droit. |
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Capacités travaillées[1] |
- Savoir exercer son jugement et l’inscrire dans une recherche de vérité ; être capable de mettre à distance ses propres opinions et représentations, comprendre le sens de la complexité des choses, être capable de considérer les autres dans leur diversité et leurs différences. - Identifier différents types de documents (récits de vie, textes littéraires, oeuvres d’art, documents juridiques, textes administratifs, etc.), les contextualiser, en saisir les statuts, repérer et apprécier les intentions des auteurs. - Rechercher, collecter, analyser et savoir publier des textes ou témoignages ; être rigoureux dans ses recherches et ses traitements de l’information. - S’exprimer en public de manière claire, argumentée, nuancée et posée ; savoir écouter et apprendre à débattre ; respecter la diversité des points de vue. - Développer des capacités à contribuer à un travail coopératif/collaboratif en groupe, s’impliquer dans un travail en équipe et les projets de classe. |
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Projet de l’année |
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Modalités de mise en œuvre |
Projet de l’année sous forme de travail de groupe |
Projet de l’année sous forme d’exposé suivi d’un débat argumenté entre les élèves qui peut se conclure para la rencontre d’association |
Projet de l’année sous forme d’une rencontre avec des associations |
Objet d’enseignement[2] |
L’engagement des femmes et des hommes pour les libertés par des figures remarquables notamment celles placées au Panthéon par la République
Ex : travaux de groupe autour de figures emblématiques ayant œuvré en faveur des libertés fondamentales afin d’amener les élèves à réfléchir aux points communs et divergences dans les combats menés par ces personnalités. |
Un corpus de lois : les grandes lois de liberté de la IIIe République, le programme du Conseil national de la Résistance et le préambule de la Constitution de 1946 ; les grandes lois sociales de la IVe République, les lois favorisant l’émancipation féminine et l’égalité femmes/hommes, contextualisant l’élaboration des lois choisies et en abordant les débats provoqués.
Ex : Définition de thèmes d’exposés autour d’une thématique donnée qui peut être la construction d’un modèle de société fondé sur la liberté à la lecture du préambule de la Constitution de 1946, des grandes lois sociales de la IVe République et des lois favorisant l’émancipation féminine et l’égalité femmes/homme. L’objectif est d’amener les élèves à réfléchir sur le rôle de l’Etat comme garant des libertés de chacun et donc du respect de la dignité de la personne. Le débat argumenté peut porter sur la tension entre sureté/sécurité et dignité de la personne. |
La liberté de l’information : dans les régimes politiques ; dans un environnement numérique ; dans le domaine médical ; dans le domaine scientifique.
Ex : rencontre avec une association de journalistes à croiser avec l’intervention d’avocats ou magistrats afin de confronter les élèves aux tensions permanentes entre la liberté d’informer et le respect des droits de la personne notamment la vie privée (Cf. RGPD). Chaque groupe se voit confier une tâche : - construction du projet de rencontre - élaboration du déroulé de l’entretien - définition des axes de mise en pratique : restitution auprès des autres classes de l’établissement, construction d’un projet au sein de l’établissement ou tout simplement organisation d’une sortie. |
[1] Liste qui reprend les capacités à travailler. Le professeur, en fonction de ses choix pédagogiques et de la problématique choisie, détermine la ou les compétences mobilisées lors de chaque séance.
[2] Pour chaque objet d’enseignement, le professeur détermine les modalités pédagogiques retenues : elles peuvent être exclusives et idenditiques pour toute la classe ou au contraire varier les approches