Une personne végane exclut de son alimentation et de sa consommation tout produit de provenance animale. Rien de plus. Néanmoins, de nombreuses intox ou opinions circulent dans notre société sur leur sujet, nous allons essayer d'y voir plus clair et, par souci d'objectivité scientifique, nous avons demandé son avis à Gwenola Lévêque, nutritionniste brestoise.

« Devenir végan, ça ne sert à rien ! »

« C'est contre nature ! »

« Ils ne sont pas normaux, les végans ! » …

Les végans

Une personne végane refuse de considérer comme produit de consommation tout ce qui est issu du règne animal. Par conséquent, ils ne portent pas de cuir, de fourrures véritables, ne s'alimentent ni d’œufs, ni de fromage, ni de viande, ni de poisson, n'utilisent aucun cosmétique comportant des éléments en provenance d'animaux… Cette action a pour but le respect du cycle de vie naturelle des animaux. Cette opinion est si inhabituelle que, bien sûr, il y a des rumeurs et des préjugés…

«C'est contre nature ! »

D'après nous, non. L'homme est omnivore (il mange de la viande et des végétaux), il peut donc s'adapter à toutes sortes de régimes. Et si être végan est contre nature, alors ce qui l'est également c'est : la contraception, l'homosexualité, aller chez le coiffeur ou une esthéticienne, acheter des vêtements de luxe à des milliers d'euros….

« Devenir végan, ça ne sert à rien ! »

Allez dire ça à Brigitte Bardot ! Si l'on se base sur les objectifs revendiqués par les végans, c'est-à-dire le respect du cycle naturel des animaux afin de leur favoriser une vie complète, avec une mort non causée par l'homme et ses industries, on comprend que c'est un nouveau mode vie qu'on choisit, qui définit la façon d'être de celui ou celle qui est résolu à l'adopter. A partir de là, personne n'a le droit de juger.

Oui,mais...

L'objectivité journalistique doit cependant nous pousser à nous interroger : l'intox vient-elle exclusivement des milieux anti-végans ? Les prises de position des opposants à l'exploitation animale sont-elles si innocentes, et n'ont-ils pas, derrière la tête, la secrète ambition de « convertir » l'humanité entière au véganisme ? Enfin, surtout, se priver de toute ressource animale, est-ce une position si idéale ?

Un avis professionnel

Sur ce dernier point, en nous appuyant uniquement sur la question de l'alimentation, nous avons décidé d'interroger une experte : Gwenola Lévêque, diététicienne-nutritionniste, diplômée d’État.

« Le véganisme est un mode de vie à part entière, dont le régime alimentaire est le végétalisme », nous explique-t-elle. Ce régime « repose uniquement sur les aliments issus des végétaux, comme les fruits et les légumes, les céréales ou encore les légumineuses. »

Pensez-vous qu'il y ait des inconvénients à bannir de son alimentation tout produit animal ?

« Nous sommes omnivores. Nous avons besoin de puiser dans plusieurs ressources alimentaires pour répondre aux besoins vitaux. Bannir tout produit animal est plutôt déconseillé pour rester en bonne santé, sauf bien sûr en cas d'allergies ou d'intolérances. »

Ce régime peut donc engendrer des problèmes de santé ?

« Les végans doivent être vigilants à leurs apports en fer, en zinc, en calcium, en vitamine D, en vitamine B12 et en acides gras oméga-3. Sans cela ils risquent de fortes carences et donc des soucis de santé pouvant être dramatiques : fatigue, dépression, anémie, baisse de l'immunité, augmentation du risque de fractures, baisse de fertilité par exemple... »

Quel apport manque le plus dans le régime végétalien ?

« Les végétaliens sont complètement privés de la vitamine B12, qui se trouve exclusivement dans la viande et le poisson et, dans une moindre mesure, le lait et les œufs. Ils doivent aussi compenser leur apport en iode, oligo-élément présent dans le poisson et les fruits de mer. Il est cependant possible de remédier à certains déficits par des compléments alimentaires : des protéines végétales existent, dans les céréales (blé, riz, quinoa, avoine...) et les légumineuses (soja, lentilles, haricots, pois cassés...), mais elles ne sont pas équivalentes aux protéines animales, et, pour qu'il n'y ait pas de risque à suivre un régime végétalien, il faut associer céréales et légumineuses. »

Il n'y a pas d'avantage à être végétalien alors ?

« Une étude parue en 2014 montre que le végétalisme apporterait, par rapport à un régime simplement végétarien, une protection supplémentaire contre l'obésité, l'hypertension et les maladies inflammatoires. Cependant, ce régime est fortement déconseillé aux femmes enceintes / allaitantes, aux personnes en maladie chronique, aux personnes âgées et aux enfants. Il peut causer aussi des troubles du comportement alimentaire (orthorexie). Bref, de mon point de vue, ce régime peut être suivi sans danger à condition d'être un adulte sain, physiquement et psychologiquement, avec l'accompagnement d'un médecin nutritionniste ou d'un diététicien. »

Conclusion ? Les critiques sur le véganisme sont-elles justifiées ? Les adeptes de cette pratique sont-ils de fous furieux ? A vous de vous faire une opinion, après avoir pris soin de consulter les sources de l'information et les avis professionnels nécessaires.