Interview de Laurent MARC : Chef de la rédaction du Télégramme de Saint-Brieuc
Propos recuillis par la classe de 4ème, le jeudi 28 février 2019.
La classe de 4ème : Depuis combien de temps travaillez-vous pour le Télégramme ?
Laurent MARC : Depuis 23 ans, mais je n’ai pas été tout de suite chef de rédaction à Saint-Brieuc. Durant de nombreuses années j’ai fait des remplacements dans toute la région, notamment à Lannion, Lorient, Loudéac, Saint-Malo, Dinan ou Concarneau.
Depuis combien de temps êtes-vous chef de la rédaction du Télégramme de Saint-Brieuc ?
Je suis chef de la rédaction du Télégramme de Saint-Brieuc depuis 3 ans.
Comptez-vous rester à ce poste ?
Cela ne dépend pas de moi ! Mon contrat se poursuit encore sur les huit prochaines années. Dans le domaine du journalisme, nous sommes amenés à changer de rédaction régulièrement.
Qu'avez-vous fait comme études ?
J’ai d’abord fait des études d’Histoire à la fac et le métier de journaliste m’a donné envie donc j’ai complété mes études avec un Master en Information Communication. Aujourd’hui, il est indispensable pour un journaliste d’avoir fait une école de journalisme avant de professer.
Quel est votre parcours professionnel ?
Après mes études j’ai été pendant longtemps correspondant de presse remplaçant pour ensuite en devenir le responsable. Et enfin, j’ai été titularisé ce qui m’a permis d’accéder aux fonctions de chef de la rédaction.
Quel est le salaire moyen d'un journaliste ?
Le salaire moyen d’un journaliste pour la presse papier régionale est de 2500€ par mois. C’est avec franchise et transparence que je vous divulgue mon salaire en tant que chef de la rédaction : 3200€. Un journaliste débute avec 1700 € par mois. Mais les salaires sont plus élevés à Paris et notamment lorsque l’on travaille pour la télévision cela peut avoisiner les 6000€ !
Avez-vous déjà écrit dans un journal scolaire ?
Non, mais j’ai aidé les élèves du Lycée Paul Sérusier de Carhaix, pour préparer le concours national du journal scolaire Expresso. Tous les participants de la France entière se réunissent à Paris pour écrire un journal en une journée. C’est une vraie compétition et même une lutte acharnée entre les différentes équipes qui n’hésitent pas à saboter la concentration des autres pour gagner ! C’est très drôle et stimulant.
Quel est votre sujet préféré et votre plus beau souvenir professionnel ?
J’aime le sport mais je déteste écrire dessus, cela m’ennuie ! Par contre, les sujets sociaux-économiques et politiques me passionnent. J’adore surtout détenir un scoop, une information inédite et mon plus beau souvenir journaliste était la rencontre par hasard de Lionel JOSPIN. A cette époque, il était Premier ministre et j’ai pu l’interviewer en toute décontraction à Concarneau où il passait ses vacances.
Existe t-il une version du télégramme pour les adolescents ?
Non et ce n’est pas en projet. En revanche, Le Télégramme contient une rubrique adressée aux adolescents.
Y at-il une version numérique du Télégramme ? Vos lecteurs peuvent-ils publier des informations dessus ?
Depuis quelques années la version numérique de notre journal se développe bien. Les lecteurs ne peuvent pas y publier de l’information car cela poserait un problème de vérification mais ils peuvent commenter les articles.
Vérifiez-vous tous les articles parus dans le Télégramme ?
Pas tout personnellement, nous nous répartissons les articles entre tous les membres de la rédaction. Nous en corrigeons entre sept et huit tous les jours. Mais avant la publication, le journal est entièrement vérifié par « la tour de contrôle » qui se situe à Morlaix.
Qu'est ce qu'une vraie information ? Et comment la vérifiez-vous ?
Une information doit tout d’abord intéresser le plus grand nombre de personnes. Une vraie information doit pouvoir être vérifiée et être neutre (pas une opinion ni un jugement de valeur).
Utilisez-vous le fact-checking ?
Même si c’est rare, j’utilise de temps en temps le fact-checking. Je suis très vigilant pendant les périodes électorales où les candidats ont tendance à enjoliver leurs mesures pendant leur mandat ou même à omettre des promesses de campagnes.
Vous est-il arrivé d'être trompé par une fake news ?
Non, pas de mémoire. Mais nous en avons déjoué un certain nombre dernièrement autour du mouvement des Gilets Jaunes. Il faut savoir que les fake news ont toujours existé, même sous Louis XIV mais on les nommait autrement bien sûr !
Comment réagissez-vous face aux fake news ?
Dès qu’une information nous paraît étrange, nous nous mettons en alerte et on se méfie. Si nous ne pouvons pas la vérifier, nous ne la publions pas.
Avez-vous peur que les fake news prennent le dessus sur les vraies informations ?
Les fake news se propagent surtout sur les réseaux sociaux donc il est important de douter de tout et de tout vérifier. Soyez curieux et ne prenez pas pour vérité tous ce qui est publié sur Internet. L’esprit critique de chaque personne est plus efficace pour lutter contre les fake news qu’une loi les interdisant.
Avez-vous déjà pensé à écrire une fake news ?
Certainement pas ! Ecrire des fake news devrait être puni car il y a des conséquences grave sur les gens qu’elles soient psychologiques ou physiques.
Que pensez-vous des journalistes qui pour gagner leur vie écrivent des fake news en parallèle d'un travail sérieux de journaliste ?
C’est scandaleux, ce ne sont pas des journalistes ! Ils devraient être punis pour ça, c’est absurde ! Nous les journalistes, nous avons une déontologie qui nous rend responsable de ce que nous écrivons.
Comment réagissiez-vous si un de vos journalistes aient écrit une fake news ?
Cela va mal se passer pour lui ! Il sera convoqué directement par la rédaction pour se justifier et être sanctionné. Mais heureusement, cela n’est jamais arrivé au Télégramme.
Pensez-vous que les fake news puissent nuire au journalisme ?
Les fake news sont un vrai fléau pour le journalisme, on en voit déjà les conséquences aujourd’hui avec une désaffection pour notre métier. Les personnes qui en écrivent ne pensent qu’aux intérêts financiers.