GÉOGRAPHIE - Hypermédia et moments numériques pour comprendre un espace productif en 3e
Photo : Patrick Marques, août 2014, Licence CC-BY-NC 4.0
Cette proposition a été conçue et testée dans le cadre des Travaux académiques mutualisés HG (TRAAM) 2015 organisés comme chaque année par la Direction du numérique pour l'éducation (DNE). L'académie de Rennes, ainsi que sept autres académies participaient à ces expériences pédagogiques sur les usages numériques en HG (Plus d'infos : http://bit.ly/18upK0d)
Réalisation Canopé Rennes - Traam HG 2014-2015
Présentation
Patrick MARQUES (IATICE), Collège P. Brossolette de Bruz. Pour le contacter au sujet du scénario : Patrick.Marques@ac-rennes.fr
Niveau et insertion dans la programmation
• COLLEGE – 3e - Géographie / II - Aménagement et développement du territoire français / Thème 1. Les espaces productifs
ÉdC : un espace touristique > « Tignes, une station dans la mondialisation »
• LYCÉE - PREMIÈRE GÉNÉRAL Exploitation possible pour la thématique :
Géographie / Thème II‐Aménager et développer le territoire français
Partie « Les dynamiques des espaces productifs dans la mondialisation »
Durée et insertion dans la séquence pédagogique
Dans une séquence de 9h (3 études de cas de 2h + 3x1h de MEP) :
Étude de cas n°3 = 2h dont « moment TICE » = 1 séance d’1h
Problématique de la leçon
En quoi Tignes est un espace touristique attractif et dynamique ?
http://www.thinglink.com/scene/600689773295697922
Compétences du socle Collège
1. Maîtriser l’écrit et l’oral : décrire, expliquer
● Décrire/expliquer = description (recherche de faits, de signes ou d’indices en vue de l’explication) + explication
2. Analyser des documents
● Lire et utiliser différents langages, en particulier les images
● Identifier l’information (lire, reconnaître, nommer…),
● Traiter l’information (mettre en relation avec d’autres documents et avec ses connaissances, classer et hiérarchiser)
● Interpréter l’information (Exploiter l’information d’une manière raisonnée, complexe, donner du sens à une situation)
● Pratiquer et examiner de manière critique les différentes sources
3. Connaître et utiliser des repères
● localiser et situer
Compétences Lycée GT
● Identifier et localiser
● Exploiter et confronter des informations
● Organiser et synthétiser des informations
● Utiliser les Tic
Mise en oeuvre pédagogique
Ressources et outils numériques mobilisés
● Moment TICE 1 : A l'aide du logiciel gratuit (cf. notice ci-dessous), un hypermédia à été conçu pour une utilisation par les élèves. La ressource documentaire qui compose ce doucment est variée (textes, vidéos, interviews, photographies, cartes, plans). Plusieurs ressources sont issues du portail Eduthèque, particulièrement de l’offre Ina Jalons - Éduthèque. Il est disponible sur le web à cette adresse :
http://www.thinglink.com/scene/600689773295697922
● Moment TICE 2 : Ecriture collaborative sur des traitements de textes ouverts sur Titanpad
● Moment TICE 3 : Envoi du travail terminé à l'aide du module de communication d'Educ'Horus, un logiciel WEB de vie scolaire intégré sur l'ENT Toutatice de l'académie de Rennes.
● Matériel utilisé : PC en salle multimédia ou PC portables d’une classe mobile (possibilité d’utiliser la ressource avec des tablettes connectées au web). 1 matériel pour 2 élèves.
Description pratique de la mise en œuvre
• L’organisation pratique est expliquée plus clairement et synthétiquement par des schémas dans le fichier intitulé 1. Animation pédagogique.pdf
1. Mise en problème par la parole du professeur : Il est essentiel que la leçon de géographie commence par une mise en problème issue de réflexions universitaires sur les systèmes productifs (Laurent Carroué, La France : les mutations des systèmes productifs, Armand Colin, 2013). Ce temps de parole du professeur doit faire émerger rapidement la problématique, un questionnement sur le territoire proposé. La leçon a donc dès le départ une dimension réflexive qui s’inscrit dans la globalité du paysage. Le moment numérique n’intervient qu’après, et à aucun moment il ne constitue une fin en soi bien entendu. Cette étape pédagogique est stratégique, car elle donne le sens de la leçon, à défaut de quoi les élèves n’y verraient qu’un jeu de question-réponse sur une addition de documents divers et variés sans lien avec la photographie centrale. Cette démarche inductive doit par ailleurs aboutir à mise en perspective des élèves pour construire au final une première approche de la notion d’espace productif.
2. Mise en place situation complexe (On distribue le scénario et les tableaux thématiques, cf. fichier 2. Consignes élèves.pdf)
3. Groupe de départ à 4 : lecture des consignes / organisation de la démarche de résolution / Partage des tâches. Tous les experts de la thématique 1 se mettent debout, des binômes sont alors constitués par le choix professeur en direct en fonction de critères variables (niveaux, affinités, etc.). On recommence la procédure pour les experts thème 2, puis thème 3 et enfin 4. Le dispositif pédagogique coopératif en « Jigsaw » prévoit une répartition des tâches, chacun devenant expert d’une thématique d’étude dans le groupe, une tâche que chaque élève ne peut déléguer ni partager ce qui l’oblige à s’investir, à se responsabiliser pour cette analyse documentaire. La « multitude documentaire » est destinée à développer chez les élèves la capacité de traitement de l’information, de tri rapide, un enjeu majeur au regard de l’inflation informationnelle dans nos vies quotidiennes aujourd’hui. Une fois le tri effectué, alors seulement la capacité d’extraction de l’information est réellement mise en œuvre. L’objectif n’est certainement pas d’étudier en détail les nombreux documents, mais d’arriver rapidement à effectuer une première lecture superficielle pour repérer les ressources intéressantes par rapport à son thème d’étude. Ainsi, conformément à l’esprit du nouveau Socle commun, l’élève « s’est initié au traitement de l'information sur tous supports. Il sait confronter différentes sources d’information et s’interroger sur la crédibilité que l’on peut accorder à ces sources. L'élève est initié à l’usage de l’internet, il maîtrise la navigation hypertexte. Il sait synthétiser et restituer l’information à l’oral et à l’écrit. Il a compris que l'information ne suffit pas à la connaissance, mais qu'elle en est une première étape. » (Source : Projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Objectifs de connaissances et de compétences, septembre 2014). C’est en définitive dans cette perspective que le corpus documentaire est particulièrement riche et non bien sûr par un désir d’exhaustivité se traduisant par un foisonnement de documents, un catalogue de sources documentaires juxtaposées, sans lien entre elles.
4. MOMENT TICE 1 / Groupe d’experts : Binôme de travail d’expert, chaque binôme parcourt à sa guise la totalité du riche corpus documentaire numérique (Thinglink). Sélection des informations par rapport à sa thématique de travail. Extraction des informations dans un tableau (support papier).
L’autonomie affichée des élèves dans le travail ne doit cependant pas empêcher l’enseignant d’intervenir oralement bien au contraire. Les consignes orales sont particulièrement nécessaires pour établir un cadre. Toutes ces consignes en direct et face à des situations observées ne peuvent pas être écrites ni lues. Elles s’intègrent plutôt dans une remédiation immédiate qui intervient après une observation d’élèves. À ce titre, il convient par exemple de signaler aux élèves de ne pas utiliser les coups de pouce sans avoir au préalable fait les efforts attendus.
5. Retour en Groupe de départ à 4 : Chaque élève-expert présente à l’oral et aux autres membres du groupe les résultats de sa recherche thématique (prise de notes > tableaux d’extraction des experts «confisqués» ensuite).
Le professeur encadre ce travail. Le travail de groupe bien qu’il favorise l’autonomie des élèves, doit malgré tout faire l’objet encore une fois de certaines remédiations immédiates. Ainsi, le professeur suscite chez les élèves les bons questionnements, structure leur réflexion et leur démarche de résolution qu’il enrichit au besoin par l’apport de coups de pouce immédiats, individualisés ou de manière magistrale pour la classe entière.
Cette étape du dispositif pédagogique est tout particulièrement charnière et donc importante pour transformer un travail coopératif (chacun apporte sa pierre à l’édifice final) en travail véritablement collaboratif (chacun participe en même temps à la réalisation finale). Après la recherche d’informations (moment numérique 1), les élèves sont invités un par un, à présenter aux autres membres du groupe les résultats de leurs recherches. Les autres élèves écoutent, prennent des notes. L’élève orateur doit reformuler à l’oral des informations brutes. À la fin du tour de table, les tableaux d’extraction sont ramassés. Les élèves ne disposent alors que de leurs notes et du regard de l’expert pour rédiger au final l’article sur le pad.
Cet exercice très riche d’un point de vue pédagogique permet de formuler, reformuler, synthétiser et d’utiliser des connaissances. Les élèves s’entraînent TOUS à l’oral, travaillent également une posture d’écoute en n’hésitant pas à interrompre l’orateur pour lui demander des précisions, plus d’explication. Ils le font plus facilement dans ce rapport entre pairs qu’ils ne le font habituellement avec l’enseignant.
6. MOMENT TICE 2 / Toujours en Groupe de départ à 4 : Le professeur ramasse les tableaux d’extraction des experts (pas de recopie stérile). Sur un même îlot, les 4 élèves à l’aide de 2 machines écrivent l’article de manière collaborative (Pad) et synchrone à l’aide de leur prise de notes lors de leur exposé + avis de l’expert (chat inutile, car pas de séparation physique).
Tous les élèves rédigent ensuite ensemble, et dans un 2e moment numérique, leur article sur des pages Titanpad préparées à l’avance et déposées sur le réseau de l’établissement. La prise de note en définitive commune, collaborative, fait émerger une écriture elle aussi collaborative. En effet, même si les élèves se partagent les paragraphes à rédiger, chacun n’en demeure pas moins caution et relecteur du travail des autres et du contenu de chaque paragraphe. L’enseignant peut circuler de poste en poste, mais la posture la plus efficace après mise en œuvre est d’ouvrir les 7 pads en même temps depuis un poste professeur à l’écart. On entre alors sur les différents pad en s’identifiant comme « prof ». Là encore l’efficacité de l’écriture sera augmentée par de courtes interventions directement dans le texte de l’élève notamment pour enrichir les productions écrites. L’enseignant pourra par exemple ajouter de très courtes questions : où ? quand ? comment ? combien ? Pourquoi ? Ces « feedbacks » immédiats sont très efficaces. Ils constituent une des plus-values du Pad : pouvoir évaluer en direct les productions écrites. Le résultat et les améliorations sont aussi immédiats.
7. MOMENT TICE 3 / Toujours en Groupe de départ à 4 : Le quatuor résout la situation complexe et envoie par mail l’article (production finale) à la rédaction du magazine (professeur). L’envoi se fait par la messagerie intégrée de l’ENT académique Toutatice (Educ’horus).
Action des élèves - mise en apprentissage
• MOMENT TICE 1 : Les élèves travaillent en autonomie, autoévaluent leurs difficultés et décident au besoin, en utilisant les outils de différenciation intégrés, d’emprunter des parcours pédagogiques pouvant remédier à leurs difficultés.
Action de l'enseignant
• Observation + remédiation orale immédiate (TRÈS IMPORTANTE !)
• L’observation peut se traduire par une évaluation formative des élèves
Bilan élaboré collaborativement (auteur+testeurs)
• Découverte non linéaire et non bornée par le temps (quand on veut, autant qu’on veut). Les élèves doivent abandonner leurs comportements pulsionnels de « zappeurs technologiques». La classe devient à l’égard des usages numériques un espace de décélération, place pour le tâtonnement proprement humain de la pensée (P. Mérieu).
• Favoriser la continuité pédagogique entre la classe et l’après-classe : accès à la ressource hors classe si besoin (approfondissement-reprise asynchrone possible).
• Apports de la multimodalité : mettre l’élève en activité, favorise la motivation, l’engagement, le plaisir, la recherche de l’information (et au final la compréhension ?)
• Richesse, qualité et variété des ressources mise à disposition, complexité différenciée du support, interactivité, personnalisation des parcours d’élèves.
• Faire entrer à l’école des contenus médiatisés numériques utilisés au quotidien et leur donner le statut de ressources (à critiquer, à analyser, à exploiter). Apprendre à évaluer la qualité des sources dans un monde d’abondance d’information.
• Favoriser l’autoévaluation et l’autoremédiation : élève responsable de son activité, de son parcours, impulser l’autonomie de l’élève.
• Simplicité de l’utilisation de l’outil numérique
Les Testeurs :
Pour l’élève : - Une grande fluidité dans la circulation au sein du document : ils parcourent la ressource à leur guise, dans l’ordre souhaité … Ils disposent d’outils de remédiation.
Pour l’enseignant :- L’hypermédia est le support de l’hyperpaysage: il permet de montrer la face cachée du paysage. "Un hyperpaysage, c’est un ensemble des fichiers articulés auxquels il est possible d’avoir accès en naviguant à partir d’une image interactive de paysage" (voir projet http://www.hyperpaysages.be).
• Un hypermédia, favorise-t-il les découvertes, les explorations documentaires et au final la lecture de paysage ?
• Le mode de lecture non linéaire, favorise-t-il les apprentissages ou au contraire est-il une contrainte ?
• L’interactivité des contenus, associée à une situation d’apprentissage en situation complexe, permet-elle de développer un plus grand engagement des élèves, un apprentissage véritablement actif, autonome et profond ?
• La remédiation conçue et intégrée dans le support numérique favorise-t-elle la réalisation de parcours pédagogiques différenciés véritablement efficaces ?
Commentaires éventuels des élèves
• Les élèves en toute autonomie ont particulièrement apprécié d’utiliser des ressources «modernes», des vidéos de leur quotidien. Le travail de critique de sources par rapport à ces vidéos promotionnelles fut particulièrement porteur et intéressant.
• Les élèves ont apprécié de naviguer à leur rythme et dans le sens qu’ils souhaitaient entre les différents documents proposés.
Les Testeurs :
• Les élèves ont particulièrement apprécié l’outil d’écriture collaborative proposé (titanpad) “c’était génial”, “c’était marrant”, “c’était pratique, on gagnait un temps précieux et plusieurs regards valent mieux qu’un pour corriger ses fautes”
• Quant à l’hyperpaysage, ils ont apprécié l’originalité et la “modernité” des documents proposés mais pour beaucoup n’ont pas su faire le travail critique des sources. Le professeur a donc un rôle important à jouer.
Ce qui ne fonctionne pas
• La lecture des vidéos hébergées sur Youtube a nécessité de configurer le pare-feu NETASQ de l’établissement. Si ce n’est pas fait, la diffusion de ces documents ne pourra se faire. L’utilisation d’un hébergeur de vidéos habituellement bloqué par les pare-feux d’établissement n’est évidemment ni une obligation ni une nécessité absolue (INA-Jalons fonctionnait très bien par exemple).
Les Testeurs :
au niveau pédagogique
- l’hyperpaysage est conçu dans sa globalité. Or les élèves l’abordent par morceaux. La logique générale est parfois difficile à cerner, surtout que la multitude documentaire les oblige à se partager les ressources. L’accès direct aux “coups de pouces” thématiques s’avère en ce sens parfois contre-productif (“vous faites les thèmes 1 et 2, nous les thèmes 3 et 4”)
- La rédaction par pad entretient cette césure. L’écriture collaborative à 4 se mue davantage en écriture par binômes sur un même support. Les textes n’ont pas véritablement de liant.
- Les élèves n’adhèrent pas nécessairement au “jeu de rôle” (écrire un article) : les bonnes productions ressortent davantage du paragraphe argumenté.
au niveau technique
- Les filtrages académiques peuvent rendre l’hypermédia partiellement inaccessible à l’intérieur de l’établissement (pas d’accès à certaines plates-formes de vidéo en ligne) : il faut donc prévoir des captures des différentes ressources à déposer sur le serveur de l’établissement.
- En l’état, la réalisation d’une image aussi dense demande beaucoup de temps de préparation. Toutefois, le principe d’un tel hypermédia peut être réinvesti sur des projets bien moins lourds, avec quelques documents recentrés, et demandant au final beaucoup moins de temps de préparation pour les professeurs
- Reprenant l’ÉdC sur « Tignes, une station dans la mondialisation », la recherche documentaire était déjà faite ! Il faut par contre bien s’approprier le scénario pour pouvoir passer des consignes claires dès le début aux élèves.
La mise en place du problème est fondamentale. Pour l’avoir mal réalisée, j’ai vu de nombreux groupes d’élèves se perdre dans la masse documentaire y compris en étant aidés des coups de pouce, ce qui a pu entraîner les problèmes pédagogiques soulevés par le testeur 1.D’autres groupes (pas forcément des élèves doués d’ailleurs) ont bien compris ce qu’on attendait d’eux et ont profité à plein de la ressource Thinglink et de l’outil titanpad.
Ce qui serait à modifier ou autre situation de classe possible
• La densité du support Thinglink réalisé pour les Traam ne doit pas masquer la simplicité d’utilisation de l’outil qui peut servir à constituer des corpus documentaires beaucoup plus légers et intégrés pour expliquer :
- un paysage,
- une œuvre d’art,
- un texte long auquel on ajoute des hyperliens pour expliquer certains passages (contexte historique, auteurs, évènements, etc.).
• Une utilisation élève pour construire des images, ou des textes (sous forme d’image) est tout à fait possible.
Les Testeurs :
à modifier
- Revoir les modalités d’écriture finale d’un article (repasser sur une rédaction individuelle par exemple).
- J’ai trouvé au contraire que l’outil d'écriture collaborative était très intéressant. L’idéal serait sans doute une machine par élève pour éviter le décrochage de celui qui n’écrit pas dans les binômes.
autres situations
- Cet outil peut d’ailleurs être réutilisé dans plein d’autres situations
- toute étude de cas qui intègre une dimension paysagère
- étude d’une œuvre d’art
- On peut aussi envisager que les élèves construisent leur hypermédia avec Thinglink.